Un chat à Sant'Elena
Le petit bout de la queue du chat
Le petit bout de la queue du chat
Près d'un canal quelconque de Venise
Emporte vers des sensations inattendues
Le poète et ses gondoles grises
Un mouvement, un extrait de fourrure
Comme de l'encre sur du papier
Une idée rebelle, une rature
Un poème comme un nouveau-né
La silhouette du dos du chat
Dans un détour étrange de Venise
Donne l'étincelle, de la moelle à penser
Au poète et ses humeurs éprises
La forme sort du vide
Comme jadis naquirent les basiliques
L'architecte construit une rime
Et l'histoire pose ses fondations fatidiques
La vitesse, l'euphorie des pattes du chat
Déclanche le tourbillon dévastateur
Dans l'imagination du poète
Et les recoins de son coeur
Le poème enfin s'implante
Comme un début de construction
Et des silhouettes surgissent, géantes,
Près des canaux et des ombreuses embarcations
Le mystère, la sérénité profonde
Qui danse et brûle au fond des yeux du chat
Construit le poète dans son être entier
Du bout de l'âme jusqu'au fond des pieds
Le vers, enfin, se sont formés
Parfaits comme la citadelle de milles princes
Et les coupoles se sont fiancées au ciel doré
L'Oeuvre est là
Manque le point pour la terminer
Stella Pastoris
Abside contarinienne,
Basilica di San Marco